L’esclavage
L’esclavage, s’il n’existait peut-être pas dans les tribus, a semble-t-il toujours existé dans les sociétés, où les personnes en position de pouvoir en ont fait travailler d’autres à leur service ou à leur profit, même si on ne les a pas toujours appelées esclaves. C’étaient soit des personnes de classes inférieures soit des prisonniers capturés pendant les guerres. Dans l’antiquité, les esclaves étaient vendus dans les marchés. Au moyen âge, il y avait les serfs, des ouvriers agricoles qui travaillaient dans les champs. Ensuite, il y eu les esclaves noirs envoyé d’Afrique en Amérique. Des esclaves chinois ont aussi été envoyés en Polynésie pendant la guerre de sécession américaine pour travailler dans les cultures de coton. Les esclaves n’étaient pas payés, mais ils étaient nourris et logés, ils recevaient des vêtements et étaient généralement soignés s’ils étaient malades. Ils recevaient en sommes les quatre nécessités que reçoivent les moines bouddhiste en Asie du Sud-Est. Ceux-ci n’utilisent pas non plus d’argent, mais ils ne sont pas contraints à un travail forcé. Les punitions des esclaves qui ne travaillaient pas assez bien étaient des châtiments corporels : ils étaient battus. Ils appartenaient à leur maître, qui pouvait les revendre, et ils n’avaient aucune liberté.
À partir de la révolution industrielle, les ouvriers qui travaillaient dans les usines ont commencé à être payés, on ne les a alors plus appelés des esclaves mais des salariés. Leur condition matérielle n’était pas forcément meilleure, car ils devaient payer leur logement et leur nourriture avec leur maigre salaire. Mais ils étaient libres. Les châtiments corporels ont peu à peu disparu, mais il y eu d’autres formes de punitions, et ils pouvaient être licenciés. Cette forme d’esclavage, sous une forme un peu améliorée dans certains pays dit civilisés, existe toujours aujourd’hui, où la plupart des gens sont obligés de se soumettre à cette forme d’esclavage pour pouvoir survivre et nourrir leur famille. Toutefois, dans ces pays, des subventions sont versées aux chômeurs, aux malades et aux personnes âgées. Dans les pays moins favorisés, où les salaires sont souvent très bas, ce genre d’avantages sociaux sont très limités si ce n’est inexistants.
Le Grand Projet espère mettre fin à toute forme d’esclavage, puisque les gens n’auront plus besoin d’argent pour recevoir gratuitement les nécessités de base pour leur survie. Ils pourront décider de travailler ou non, et s’ils désirent travailler, ils pourront choisir le travail qu’ils préfèrent, et ils pourront le faire à leur rythme, sans obligations. Disons que c’est la promesse promotionnelle du Grand Projet. Mais dans quelle mesure est-ce que cela sera vraiment le cas ? Comme la disponibilité de nombreux produits et services sera limitée, ne faudra-t-il pas travailler sans salaire pour pouvoir obtenir certains produits rares ?
Mocica dit que les dettes, au jour J, vont disparaître en même temps que l’argent. Mais quelles dettes ? Celles des personnes qui ont acheté une maison ou un appartement à crédit et qui n’ont pas fini de rembourser leur crédit ? Selon la loi, dans certains pays, s’ils cessent de payer, c’est la banque ou la société de crédit qui va récupérer leur bien et ils se retrouveront à la rue. Pour éviter cela, il faudrait que le nouvel État impose de nouvelles lois, ou nationalise les banques. Mais les banques appartiennent à leurs actionnaires, des particuliers ou d’autres sociétés. Il s’agirait donc de spolier certains propriétaires de leurs biens pour donner à d’autres des biens qu’ils n’avaient pas acquis ou payés dans l’ancien système. Une solution serait donc que les personnes qui veulent garder leurs logements non payés travaillent sans salaire pendant une période pour rembourser leur emprunt. Les sociétés qui les emploieront seront justement des partenaires des banques. Cette nouvelle forme d’esclavage aura été astucieusement organisée, pendant la période de préparation avant le jour J, par les banques et les grandes entreprises industrielles et commerciales qui prévoyaient déjà qu’elles auraient du mal à trouver du personnel bénévole dans le nouveau système.
10 janvier 2022, Chiang Mai