Les bases du Grand Projet
J’ai écouté hier une conférence d’introduction du fondateur de Mocica. Il aborde les idées de base du projet, mais il y a beaucoup d’aspects du problème dont il ne parle pas du tout. Des aspects qui semblent à première vue rendre le projet complètement utopique, mais des aspects pour lesquels on pourra peut-être trouver des solutions. En fait, quand on y réfléchit un peu, argent ou pas argent me semble un aspect mineur, presque anecdotique, de la restructuration complète de nos sociétés, qui devient de plus en plus nécessaire et urgente. Le projet Mocica, appelé aussi le Grand Projet, concerne pour l’instant la France. C’est un début, et c’est un cas particulier, mais ce projet n’est envisageable que si tous les pays du monde y participent complètement.
Cela va prendre un certain temps, et à mon avis, une longue période de préparation avant le jour J où nous jetterons l’argent et les autres moyens de paiement à la poubelle. Il faudra surtout, ce qui n’est pas évident, que les structures gouvernementales, les institutions et les entreprises qui fonctionnent selon le système capitaliste participent à l’organisation et la mise en place du nouveau système, même si pour elles cela signifiera au départ scier la branche sur laquelle elles sont assises. En fait, le système qui utilise de l’argent devra déjà se transformer jusqu’au point où l’argent ne sera plus nécessaire, et pourra être abandonné sans difficulté. Et ce qui il y a de paradoxal, c’est que c’est en utilisant l’argent de façon astucieuse et appropriée qu’on pourra en arriver là.
Utiliser son argent avant le jour J
La question que chacun va se poser, c’est comment utiliser au mieux mon argent avant le jour J, car il serait un peu stupide de le garder sans rien en faire et de devoir le jeter. Mieux vaudrait le dépenser intelligemment. Et si on trouve des manières intelligentes d’utiliser l’argent avant sa disparition, et qu’on n’en a pas, ou pas beaucoup (et même si on en a beaucoup), pourquoi ne pas en emprunter, puisqu’au jour J les dettes aussi passeront à la poubelle. Une chose qu’il faudra en tout cas faire, c’est des provisions, car pendant les jours, les semaines et les mois qui vont suivre le jour J, il y aura nécessairement des pénuries de certains produits, en particulier des produits alimentaires. Il faudrait donc placer le jour J à la fin de l’été, au moment où les récoltes de produits agricoles sont les plus abondantes (bien que ce ne sera pas la même dans l’hémisphère sud).
Il y aura aussi des pénuries de matières premières, surtout les matières premières importées et celles dont l’extraction se fait dans des conditions de travail inhumaines, comme les mines où travaillent des enfants. Il y aura aussi des pénuries de produits manufacturés industriellement, comme ceux qui sont fabriqués dans les usines chinoises. Certains de ces produits auront peut-être définitivement disparu. En fait, après le jour J, et jusqu’à ce que la situation se soit stabilisée, on ne pourra compter que sur les produits locaux, surtout artisanaux, et sur ceux dont on aura fait des réserves. Et il faudra faire des réserves non seulement au niveau individuel, mais aussi aux niveaux communautaire, communal, régional et national. Un des secteurs qui sera probablement le plus touché sera celui des transports (routiers, ferroviaires, aériens et maritimes), et il ne reprendra certainement jamais comme avant, ce qui sera un bienfait pour l’écologie.
Choisir librement son travail
Un des aspects importants du Grand Projet, c’est que dès le moment où il n’aura plus besoin de travailler pour gagner l’argent qui lui permettait de vivre et de nourrir sa famille, chacun pourra choisir librement le travail qui lui plaira. On peut donc imaginer que certains métiers astreignants, malsains, humiliants ou dégradants vont disparaître, comme la plupart des emplois dans le travail en usine, le travail de bureau et le fonctionnariat. Et aussi toutes sortes d’autres métiers pénibles, ou ceux qui impliquent un travail de nuit ou un travail en déplacement loin de chez soi et de sa famille (liste à établir). Si on veut continuer à trouver des personnes qui fassent ces travaux, il faudra soit trouver des moyens de les rétribuer autres que l’argent (sujet à traiter), soit instaurer une nouvelle forme d’esclavage (sujet à traiter).
Un gros problème va se poser pour les métiers qui sembleront indispensables pour continuer à faire fonctionner le système. Par exemple, qui voudra travailler bénévolement dans les centrales nucléaires, être conducteur de métro, de train, de camion, travailler comme marin sur un cargo ou un bateau de pêche ? Comment pourra-t-on trouver tout le personnel nécessaire pour faire fonctionner un aéroport et permettre aux avions de voler dans des conditions de sécurité. Et comme ce sont des professions où il faut avoir une formation et des capacités particulières, on ne peut pas, comme Mocica le propose pour le balayage des rues, demander à tous les citoyens d’y participer à tour de rôle.
9 janvier 2022, Chiang Mai